Les jardins a la française du château de Chambord

Jardin à la française

Edifié par François Ier tel un défi lancé à la Nature, le château de Chambord était connu du public comme ce chef-d’œuvre d’architecture de la Renaissance précédé d’une vaste esplanade engazonnée. Depuis 2017, la façade de Chambord est parée d’un nouvel écrin végétal. En lieu et place des tapis de gazons qui s’étendaient sur la terrasse bordée par le Cosson, ont été restitués à l’identique les jardins aménagés au XVIIIe siècle. Cette reconstitution est le résultat de 16 années de recherche et de plusieurs mois de travaux. Un chantier extraordinaire dans l’esprit de ceux du Grand Siècle.

Sur les traces des jardins du château de Chambord dans les archives

Tout travail de restitution scientifique débute par des recherches documentaires dans les archives composées de plans, comptes, contrats, compte-rendu, échanges épistolaires et gravures qui permettent de retracer l’histoire des lieux. L’origine de Chambord est bien sûr liée à François Ier, son royal commanditaire. François Ier est plus préoccupé par la bâtisse que par l’aménagement de ses abords, et il ne cherche pas à doter le château de Chambord d’un jardin à sa mesure, au mieux, certaines vues de Chambord permettent-elles d’envisager l’existence d’un jardinet d’utilité. Il faut ensuite cheminer jusqu’à Louis XIV pour trouver trace d’un projet de jardin pour Chambord. Un plan daté de 1682 réalisé par l’agence de Jules Hardouin-Mansart a été identifié. Toutefois les documents montrent que les travaux, s’ils ont bien débuté, ont été rapidement interrompus. Or il s’avère que Jacques Rigaud, graveur du XVIIIe siècle, a représenté le château de Chambord et ses jardins, donnant à penser qu’un projet postérieur à celui de Louis XIV, a lui, été mené à son terme. Et effectivement, d’autres documents ont révélé que l’aménagement paysager de la terrasse de Chambord est engagé sous Louis XV en 1734 sur la base d’un nouveau dessin à l’occasion du séjour de Stanislas Lesczinsky. Ainsi, la façade de Chambord n’a pas toujours été dénuée d’ornement végétal. Cet état date des années 1970, période à laquelle le jardin souffrant d’un manque d’entretien devient un tapis vert par soucis de commodité à une époque où l’art des jardins est lui-même tombé en désuétude.

Sur les traces des jardins du château de Chambord sur le terrain

Les phases de prospection géophysique et archéologique ainsi que les études paysagères et architecturales prolongent de manière indispensable les travaux de recherche documentaire. Grâce à la confrontation avec le terrain, des modulations ou des confirmations ont pu être faites tel que l’emplacement désormais attesté d’un modeste jardin de type médiéval au pied de l’aile la chapelle. L’empreinte des travaux entrepris sous Louis XIV a également pu être identifiée. Il s’agit surtout de la campagne de travaux préalable à la création des jardins dirigée par La Hitte, contrôleur des Bâtiment du roi Louis XV qui a pu être retracée à savoir l’édification de ponts, dont celui le parterre au château, la maîtrise du Cosson par la création de digues, le curement et l’élargissement du cours d’eau pour former un canal, l’élévation des murs de la terrasse artificielle suivie d’un apport de terres afin d’élever le terrain à la hauteur des murs du château. Ce sont ensuite les 6,5 ha de la terrasse qui sont aménagés. Les fouilles ont également permis de situer avec exactitude les différents éléments du jardin : allées, parterres, plantations, etc.

Un aperçu des jardins de Chambord

La question de l’état à restituer s’est bien sûr posée et la réponse qui a été apportée est qu’il faut rendre à Chambord le seul jardin qui a connu un aboutissement. C’est donc dans ce jardin, fidèle reconstitution du jardin du XVIIIe siècle, que le public peut désormais se promener. Mais c’est en montant dans les étages du château que l’on peut lire au mieux la nouvelle composition de l’esplanade.
L’espace bordé par la Cosson est divisé en 4 carrés. Celui qui est occupé par le château constitue le module de référence, les 3 autres constituent le jardin ; chaque espace est aménagé différemment. Au nord, sont 2 parterres rectangulaires de gazon découpé de délicates broderies ; à l’extérieur, de part et d’autre, une allée double de tilleuls borde les parterres. Tout en soulignant la rectitude du dessin, lorsque les arbres auront atteint la hauteur voulue, elles seront également un agréable lieu de promenade ombragé. Entre les 2 parterres, une allée centrale guide le regard vers les lointains ; elle est agrémentée de fleurs et de topiaires en forme de cônes et de boules. La végétation est enrichie à la belle saison d’agrumes en caisse.
Jouxtant le parterre nord, le parterre nord-est est lui disposé en quinconce à équerre planté de merisiers à fleurs. Des charmilles encadrent l’ensemble sur 3 côtés.
A la droite du château, le parterre Est s’inspire de l’aménagement du parterre nord, dans des proportions plus restreintes et sans motifs de broderie. Rosiers, simples, topiaires coniques et en forme de boules complètent le décor.
Bien que reprenant un dessin du XVIIIe siècle, les jardins s’harmonisent parfaitement avec la façade Renaissance du château. Ils permettent de renouer avec le principe théorisé notamment par Leon Battista Alberti au XVe siècle d’après les architectes antiques, qui est que le jardin est une transition végétale favorisant le dialogue entre l’architecture de pierre et le paysage environnant.

Les chiffres clés de la restitution

Le chantier extraordinaire qui a été mené à Chambord est certes un projet de restitution mais c’est aussi une plongée dans l’art d’édifier au Grand Siècle. Et quoique les technologies sont différentes, les méthodes, les connaissances et les savoir-faire, les compétences, les besoins en matériaux et en végétaux sont comparables.

  • 16 années de travail ;
  • une équipe pluridisciplinaire de 100 personnes ;
  • 6,5 hectares de superficie
  • 618 arbres
  • 840 arbustes
  • 438 unités de topiaires
  • 15 640 plantes délimitant les bordures
  • 10 928 plantes vivaces fleuries
  • 176 rosiers
  • 18 pieds de citronniers en caisses
  • 9 200 plants de thym
  • 18 874 m2 de gazon

La restitution des jardins de Chambord est une immersion dans le passé et un défi contemporain

Depuis plusieurs années maintenant, les jardins historiques se sont engagés dans la pratique de l’éco-gestion et c’est le choix aussi fait par l’équipe de Chambord à savoir : gestion raisonnée des massifs fleuris, choix d’essences végétales pérennes et nécessitant peu d’entretien, dispense de traitement phytosanitaire. Ainsi, si la restitution des jardins de Chambord est une formidable immersion dans le passé, elle impose désormais de relever le défi contemporain d’un entretien qui tient compte de la préservation de l’environnement.

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