Le parterre de buis du château de Vaux-le-Vicomte est mort.
Vive le nouveau parterre !

Focus

L’emblématique parterre de buis du château de Vaux-le-Vicomte a dû être arraché, victime des années et de la maladie. Dans l’attente de solutions pour rendre aux jardins de Le Nôtre un parterre de buis, une oeuvre éphémère de métal rappelle les délicats motifs disparus et annonce la renaissance des arabesques de buis pour laquelle a été lancée une campagne de financement participatif « Plaquez tout pour Vaux-le-Vicomte ».

L’inéluctable arrachage des buis de Vaux-le-Vicomte

Hiver 2018, le diagnostic tombe : l’arrachage des buis centenaires est le seul choix possible. Pendant près d’un siècle le majestueux parterre de buis décrivant spirales et volutes s’est offert au regard depuis les fenêtres du premier étage du château de Vaux-le-Vicomte. Les années, un sol appauvri par le buis lui-même, les attaques successives de Volutella buxi et de Cylindrocladium avaient déjà fragilisé les buis depuis une dizaine d’années. Le coup de grâce est venu en 2017 d’une sévère attaque de pyrale qui a anéanti 70% des 180.000 pieds de buis laissant derrière elle des parterres ravagés indignes de l’excellence qui caractérise le jardin à la française dont Vaux-le-Vicomte est l’un des fleurons.

L’objectif de la famille de Vogüé est de restituer à court terme le parterre de buis dont l’histoire est marquée de disparitions et de renaissances (voir plus loin). Mais un problème de taille doit d’abord être réglé : trouver des solutions pour lutter contre l’ennemi juré du buis : la pyrale.
Afin de combler le vide provoqué par la disparition du parterre monumental, une oeuvre d’art contemporain, intitulée Les Rubans éphémères, créée par Patrick Hourcade, a pris place sur la première terrasse du jardin. Leur dessin est un hommage aux délicats motifs créés par Achille Duchêne dans l’esprit d’André Le Nôtre et une annonce de la future restitution. Une campagne de financement participatif est actuellement en cours pour soutenir les travaux à venir. Pour participer à la renaissance des broderies végétales de Vaux-le-Vicomte, vous pouvez faire votre don sur la plateforme adhoc de la Demeure Historique.

Le parterre de buis de Vaux-le-Vicomte est un modèle de délicatesse végétale

Le jardin à la française tel qu’il apparaît pour la première fois dans l’histoire de l’art des jardins à Vaux-le-Vicomte met en oeuvre des principes rigoureux qui ont pour finalité la sublimation de la Nature grâce à la raison. Le jardin en tant que prolongement de la demeure obéit de même aux lois de l’architecture. Le plan général s’organise autour d’un axe de symétrie qui se révèle être pour le promeneur une majestueuse perspective vers l’infini. Le demeure est située sur le niveau le plus haut du terrain. Le dénivelé est traité en une succession de terrasses, reliées entre elles par des degrés (escaliers) ou des allées en pente. L’apport d’André Le Nôtre à l’art des jardins est l’introduction de l’anamorphose comme principe de composition. La vue est le sens majeur au Grand Siècle ; pour lui plaire et la divertir, Le Nôtre use de stratagèmes : les dimensions des ornements comme les parterres et les bassins sont calculés de manière à donner l’impression de figures géométriques parfaitement régulières au lieu d’être déformées par les lois naturelles de la perspective ; un parterre pourra sembler plus petit qu’un autre d’un certain point de vue, le rapport pourra être tout à fait autre si le promeneur se place à autre point. Le jardin de Le Nôtre est une oeuvre en perpétuel mouvement, voire polymorphe. La perpective dite raccourcie est le corolaire de l’anamorphose : les dimensions étant modifiées, un ornement qui se trouve à l’extrémité du jardin semble plus proche qu’il ne l’est en réalité. Le fil du parcours révèle les subterfuges, dévoile des éléments jusqu’alors cachés et en masque d’autres afin de maintenir l’attention, intriguer et susciter la surprise.

Dans ce grand ensemble harmonieux et raisonné, où chaque chose est exactement à sa place, le parterre de buis au pied du château joue un rôle crucial. Il rythme la perspective et donne du mouvement aux jardins grâce à ses arabesques et ses teintes chamarrées qui rappellent les tapis aux motifs turcs qui plaisent tant au XVIIe siècle. L’entretien de ces ornements était particulièrement gourmand en ressources humaines et numéraires : tailler régulièrement pour maintenir le dessin, ratisser les morceaux de brique pilée, d’ardoise ou d’os pour unifier le fond et mettre en valeur le motif. Ces contraintes expliquent qu’en plus d’un changement de mode, les parterres de ce type ont progressivement disparu au profit d’étendues de gazon. Les buis fraichement arrachés composaient un motif dessiné par Achille Duchêne en 1923, inspiré des gravures de Pérelle et des dessins de Tessin, qui sont heureusement parvenu jusqu’à nous. Cette évocation montre l’extrême raffinement apporté par Le Nôtre aux parterres. Celui de Vaux-le-Vicomte est un modèle de délicatesse végétale.

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