Le Jardin de Château
Art du jardin
Le jardin, qu'il soit d'agrément ou utilitaire est, la plupart du temps, lié à une demeure, simple maison, villa ou château et ce, depuis l'Antiquité. Plus ou moins grand, plus ou moins luxueux, le jardin traduit la richesse du propriétaire des lieux et se conforme à ses goûts.
La Renaissance des jardins en France
Depuis l’Antiquité, le jardin est un élément d’apparat pour tout homme de pouvoir. L’eau, les végétaux, les ouvriers, nécessaires à sa création et à son entretien sont un véritable luxe que ne peuvent se permettre que des personnes disposant de moyens financiers importants.
Les vestiges du complexe de la villa Adriana donnent une idée de l’étendue des jardins antiques qui se retrouvent confinés dans les enceintes des forteresse et des monastères après la chute de l’Empire romain qui maintenait une certaine stabilité politique.
Ainsi, le jardin du Moyen-âge est un jardin modeste, hautement symbolique, empreint d’un fort sentiment religieux, protégé de l’extérieur par des enceintes de végétaux tressés ou maçonnées, qui lui confèrent son appellation d’hortus conclusus.
A la Renaissance, l’Italie impulse aux demeures princières et bourgeoises un élan vers l’extérieur. Les murs défensifs s’abaissent, le regard se porte sur l’horizon, le jardin devient un lien entre la Nature et le bâti. La France, mise au contact de cette nouvelle manière de bâtir par le biais des Guerres d’Italie, s’engouffre dans la voie ouverte. Les nouvelles constructions se démarquent par la légèreté et l’élégance de leur architecture mais aussi par leurs jardins, plus complexes et plus ornés. C’est la grande époque des châteaux de prestige. La vallée de la Loire entre autres, célèbre pour sa douceur de vivre, s’orne d’un chapelet de magnifiques châteaux dont Chambord, Azay–le–Rideau, Amboise, Cheverny, Chenonceau et Villandry sont encore aujourd’hui des références en la matière.
La monarchie absolue de droit divin et la naissance du jardin à la française
Au XVIIe siècle, le jardin prend en France ses lettres de noblesse grâce à la rencontre de deux hommes : Louis XIV, qui aimait sans doute ses jardins autant que ses châteaux, et André Le Nôtre dont le savoir-faire en matière d’aménagement de jardins bénéficia de l’heureux intérêt que l’on portât à cette époque à la matière.
Louis XIV, monarque stratège, comprit très tôt le rôle que pouvait jouer le jardin dans sa politique intérieure comme extérieure. Poursuivant à Versailles, l’évolution de style initiée à Vaux-le-Vicomte par une équipe d’artistes à l’avant-garde, dont André Le Nôtre et Charles Le Brun, il fait réaliser par les mêmes acteurs un manifeste du jardin à la française.
Au pied et autour du château, se développent sous le regard du promeneur d’amples terrasses, des pentes douces, une perspective centrale infinie et des perspectives secondaires, une profusion d’ornements- miroirs d’eau, fontaines, parterres, sculptures, treillages-, une Nature ordonnée selon les lois de la raison. Le jardin du Grand Siècle est un jardin qui obéit aux règles de l’architecture comme ses prédécesseurs. La nouveauté réside dans la démesure, dans l’intégration de l’infini et dans le traitement des plans qui se succèdent faisant de la promenade une découverte perpétuelle. Le style d’André Le Nôtre plaît et s’exporte sur le territoire français puis vers toutes les cours européennes. Le pari de domination culturelle de Louis XIV par le biais du jardin est gagné.
Un siècle plus tard, le jardin à la française tombe en désuétude. Sa rigidité, son traitement de la Nature jugé comme une emprise, ne correspond plus aux aspirations de liberté qui animent la France. Au fur et à mesure, les jardins à l’anglaise aussi dit paysagers, remplacent les jardins à la française au cours des XVIIIe et XIX siècles.
A la fin du XIXe siècle, le style est ravivé et de nombreux châteaux voient leurs jardins à la française être restitués, si ce n’est à l’identique, du moins dans l’esprit. Les paysagistes Henri et Achille Duchêne, père et fils, sont les principaux architectes de la renaissance du style d’André Le Nôtre dont ils prennent le sillon. Achille Duchêne est notamment intervenu à Vaux-le-Vicomte et à Breteuil qui reviennent ainsi aux sources.