Villandry, tout l’art du jardin dans l’esprit de la Renaissance

Jardin de la Renaissance

L’existence d’un jardin au pied du château de Villandry est attestée depuis que Jean Breton, ministre de François I a fait bâtir à la Renaissance un domaine inspiré des villas italiennes. Au fil des siècles et des changements de propriétaires, le jardin connaît une succession de genre jusqu’au début du XXe siècle, quand Joachim Carvallo, entreprend de restituer l’harmonie stylistique entre le château Renaissance et le jardin. Un chantier de grande ampleur s’engage.

Le retour de l’architecture au jardin

Lorsque Joachim Carvallo fait l’acquisition du domaine de Villandry, les alentours du château sont devenus un parc à l’anglaise, tout en vallonnements, en courbes et en arbres de grande taille. Le nouveau propriétaire n’apprécie guère ce type de jardin, aussi un réaménagement dans l’esprit de la Renaissance qui aura pour vertu de rétablir l’harmonie de style avec le château est-il décidé. L’observation du terrain révèle que malgré les réagencements successifs, l’empreinte des aménagements réalisés à la Renaissance est toujours perceptible. L’élément le plus significatif est le nivellement en différentes terrasses. Ce traitement du terrain est un emprunt aux villas italiennes édifiées à partir de 1450 qui rompt avec l’horizontal hortus conclusus médiéval de proportions souvent modestes. Le jardin connaît à la Renaissance un élan vers l’extérieur ; il acquiert une verticalité grâce à une organisation des plans d’après les principes de la perspective qui s’accompagne d’un accroissement de sa surface. L’architecture s’invite au jardin et impose la nécessité d’une matérialisation sensible de la structure ; le treillage prend une dimension nouvelle pour édifier des galeries qui soulignent les contours et les allées du jardin ; des rampes de pierre guident l’œil et des escaliers lient les différentes terrasses. Le jardin de Villandry, pittoresque au XIXe siècle, est à nouveau un jardin qui obéit aux lois de l’architecture près de cinq siècles après sa création.

Le décor du locus amoenus

Le jardin de la Renaissance s’inspire de la culture antique laquelle considérait le jardin comme un lieu délectable (locus amoenus). La notion de locus amoenus est codifiée par les poètes classiques et doit réunir sept critères : fleurs, simples, arbres, fruits, cours d’eau, ombre et douce brise.
A Villandry, les fleurs, les simples et les arbres fruitiers sont déployés dans les différents jardins – jardins d’Ornements, Potager, Jardin des Simples – qui se voient organisés en parterres à motifs géométriques aussi dits « parquets » tels que les consignent des ouvrages de la Renaissance tels que Les plus beaux Bâtiments de France de Jacques I Androuet du Cerceau, le Monasticon Gallicanum, L’agriculture et maison rustique (Paris, 1567), la deuxième édition du traité de Charles Estienne, traduite et augmentée de quelques planches de parterres à entrelacs par Jean Liébault, et le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs d’Olivier de Serres (Paris, 1600). Les motifs de Villandry ne sont pas de simples reproductions ; il s’agit d’une interprétation sur la base d’une documentation scientifique qui aboutit à un renouvellement des motifs par le biais de l’intervention d’une inspiration andalouse, écho aux origines espagnoles de la famille Carvallo.
Les arbres soit sont alignés le long des allées, soit constituent le bois qui surplombe le domaine.
Pour animer le jardin, des bassins sont disposés aux intersections des allées pour en marquer le croisement. Ici nulles fontaines au décor monumental, mais de sobres bassins soit rectangulaires soit quadrilobés. Des niches, s’apparentant à des grottes, accueillant des fontaines, s’ajoutent aux éléments de décor. La cascade, aux accents « naturels » dans l’ancien jardin anglais, est quant à elle structurée et architecturée telle un escalier d’eau ; elle est suivie d’un canal qui se déverse dans les douves.
Des tonnelles et des pergolas, héritées du jardin médiéval et reprises par le jardin de la Renaissance, sur lesquelles se plaisent les rosiers grimpants et les vignes, complètent l’ornement ; arbres et architectures de treillage ombragent le parcours de la promenade ; l’eau sous ses différentes formes apporte la fraîcheur.
Quant à la brise, elle souffle obligatoirement à Villandry, car à la Renaissance, trois critères président au choix du terrain pour édifier un château et son jardin : une pente, un cours d’eau et un doux vent pour chasser l’air vicié.

Ainsi, en rendant à Villandry un jardin dans le style des jardins de la Renaissance, Joachim Carvallo a renoué avec le projet de Jean Le Breton et l’esprit humaniste qui a animé les bâtisseurs des châteaux de la Loire au XVIe siècle.

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